Instruire, faire grandir l'autre avec pour objectif d'en faire un individu libre et responsable. Déjà cela semble se contredire ! D'un côté l'aspect contraignant du travail, les connaissances et les règles à apprendre ; de l'autre l'émancipation, l'autonomie, la liberté. "Il n'y a pas de liberté sans contrainte et rigueur au départ", explique Monique Aquilina à ses élèves.
Éduquer à la liberté a ceci de difficile et passionnant que cela ne se prévoit pas. Il y a là une réflexion au cœur du travail de tout enseignant et de tout éducateur, l'aspect imprévisible de l'éducation. Qui tient notamment à la relation entre enseignant et élève. "L'élève a envie de vous faire plaisir", témoigne Monique Aquilina, pour qui l'instruction est tout aussi importante que la qualité de la relation.
Instruire, enseigner quelque chose de précis, "ça sécurise les jeunes", considère Dominique Ottavi. "L'école, qui a comme but principal d'éduquer dans un sens que je trouve un peu trop large, ou de transmettre un vivre ensemble qui est une notion quand même intéressante mais assez floue parfois - l'école, qui perd le fil de la transmission des connaissances, il me semble qu'elle s'égare." Et même, une école qui n'a plus pour but principal d'instruire engendre selon la philosophe "désordre, remise en cause, décrochage aussi".
Pour Monique Aquilina, l'échec scolaire n'est pas une fatalité. Avant d'être proviseure de la Cité scolaire Pasteur de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), elle travaillait dans un lycée professionnel de Seine-Saint-Denis. Et si elle a écrit "Tous les élèves peuvent réussir !" (éd. Bayard), c'est parce qu'elle "l'a vu". Seulement voilà, "nous sommes dans un système qui infantilise, dès la maternelle", constate-t-elle.
Dominique Ottavi rappelle que l'école est une invention finalement finalement assez récente. "L'école généralisée qui a pris une place énorme dans la vie de chaque enfant, je crois qu'on peut encore dire que c'est une expérimentation, ça se cherche encore, et on ne mesure pas toujours les résultats." Pour la philosophe, on perd peu à peu l'habitude de se demander s'il n'y a pas d'autres manières de faire. Selon elle, il est bon avec saint Augustin de revenir au sens du mot "enseigner", mettre en signes. "Je vois bien le rôle de l'enseignant comme quelqu'un qui met en signes, qui interprète les signes, qui met de l'ordre dans l'usage que l'on fait des signes..."
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